jueves, 3 de enero de 2008

Une aventure fantastique !


















Apres 21 jours en mer, me voila arrivée à St Martin, ile des Caraïbes mi française, mi hollandaise. Mes sentiments sont partages à l’idée de toucher terre. Contente de pouvoir enfin avoir une bonne nuit de sommeil récupératrice sans roulis ni tangage, mais triste aussi que ce soit la fin de cette aventure, et anxieuse de retrouver le bruit, la pollution de la civilisation, et à vrai dire aussi, les préoccupations du monde de la terre.
La vie à bord est finalement très simple, sans autre responsabilité que celle de faire marcher le bateau. Retour aux choses simples, manger, dormir, écouter la musique, assurer les quarts, pêcher, lire, écrire, papoter avec les équipiers et regarder autour de soi…

21 jours de bonheur en mer. Du bleu, du bleu, rien que du bleu ! Certaines personnes m’ont fait la réflexion suivante lors de mon départ : ‘mais tu n’as pas peur de t’ennuyer ?’ L’immensité de l’océan, sa beauté, son calme, son mouvement perpétuel, ne m’ont jamais lassée ! J’ai connu des moments de paix intérieure infinie, de sérénité, a regarder cette vague bleue interminable se déroulant devant mes yeux a 360 degrés, des moments d’euphorie aussi lorsque la houle était forte, que Lola surfait et prenait des accélérations fantastiques, ou lorsqu’elle se couchait sur le cote… en me faisant hérisser les poils sur le dos parfois... mais en se relevant toujours !

Levers de soleil, couchers de soleil sublimes, plancton phosphorescent faisant un voile de mariée a l’arrière du bateau et des gerbes d’étincelles sur les cotes, nuits étoilées extraordinaires, avec une nuit spéciale feu d’artifice, le vendredi 14 décembre, ou nous avons tous assiste, éblouis, a un festival d’étoiles filantes vertes, démarrant comme des pétards et laissant des traces bien marquées dans le ciel !

La nature est décidément étonnante. Ce même vendredi, nous avons repéré des poissons sautant hors de l’eau pour finalement reconnaitre des thons… et chose unique et jamais vue, nous en avons vus, des énormes, nageant juste au-dessous de la surface… certainement chasses par plus gros qu’eux… et peut être d’ailleurs par nos amis les dauphins. Nous avons eu droit ce jour la a un véritable festival ! Une quinzaine de dauphins nous ont accompagnes pendant près d’une heure, nageant a la proue, zigzagant, se tirant la bourre, pour notre plus grand bonheur ! Point culminant de ce moment, des mères avec leur petit, nageant en duo, la mère avec une couleur différente, tigrée au lieu de la couleur grise des autres dauphins… le petit nageant sous la mère… et l’un d’entre eux nous a fait exploser de rire ! Nous étions tous a l’avant du bateau lorsqu’il nous a fait un one man show, nageant sur le dos et nous montrant son ventre tout blanc comme pour dire : ‘Regardes Maman, j’y arrive même sur le dos !’… moment magique inoubliable…

Ce jour-la, nous avons attrape un petit thon, puis alléchés par le banc rencontre par la suite, nous avons remis la ligne a l’eau pour finalement perdre tout d’abord notre leurre calamar, enfin notre ligne ! Trop gourmands sur ce coup la, on avait plusieurs hameçons sur la ligne et le poids des thons a du la faire casser… tant pis ! On s’est rattrapes plus tard tout au long du périple avec une flopée de daurades, dont la dernière (et la plus grosse) que j’ai remontée le 24 décembre était une daurade coryphène, superbe, avec des points bleus fluo…
Daurade au lait de coco, grillée avec de l’ail, en papillote avec des petits légumes, a la casserole, au curry… on l’a testée a toutes les sauces… et toujours avec le même plaisir !

A propos de daurades, l’une d’entre elles nous a épargné bien des soucis…le 21 décembre, a peine notre déjeuner fini, le grelot de la ligne se met a sonner, nous nous précipitons pour rentrer le génois, puis tout d’un coup, nous nous trouvons pris dans un grain énorme… ni une ni deux, Christophe garde la ligne d’une main, son assiette de l’autre, et finit par ramener la daurade a l’intérieur du bateau, pour l’assommer a notre plus grande surprise a coups de poignée de winch… violent mais efficace ! Faut dire qu’on avait pas le temps de faire dans la dentelle… avec 30 nœuds de vent, Rachel a la barre pour se mettre face au vent, on prend un premier ris… et tout d’un coup, nous voila couches sur le cote, Rachel crispée avec tout le poids du corps sur la barre pour ramener le bateau, nous autres, tendus, priant intérieurement pour que Lola se redresse…. Et enfin… le soulagement, le bateau finit par nous obéir et revenir a la position horizontale…. On prend vite un deuxième ris dans la grand voile et on se regarde en éclatant de rire, encore sous le choc de la violence de l’assaut et heureux de s’en être bien sortis!
Super équipe, bien coordonnée sur les manœuvres, cette aventure nous a bien soudes et avec le recul, on se rappelle ce moment avec bonheur… adrénaline a fond la caisse… merci chère daurade qui nous a permis de rentrer le gen donc d’avoir moins de toile lorsque le grain nous a touches ! Quel cadeau pour Christophe le jour de son anniversaire !!!

Des grains, on en a vu passer a foison… a vrai dire, les conditions du départ étaient plutôt calmes. On a du aller chercher le vent bien au sud, nous rapprochant des iles du Cap Vert, au large du Sénégal. Nous avons eu ensuite des conditions soutenues vers la fin, avec un vent arrière oscillant entre 20 et 35 nœuds… de quoi se faire des sensations, et des frayeurs aussi… même avec 2 ris dans la grand voile, et le gen, je me souviens de quarts difficiles ou Lola passait d’un cote a l’autre, faisant rentrer l’eau dans le cockpit… des nuits blanches d’ailleurs ou nous nous sommes tous retrouves sur le pont, ne pouvant pas fermer l’œil de la nuit, et finissant par éclater de rire, un peu hystériques, a cause de la fatigue accumulée… des moments difficiles qui nous ont rapproches a nouveau… il y en a eu de plus en plus sur la fin de la traversée… autant pour ceux qui croient que la traversée de l’Atlantique est une croisière tranquille!

En tout cas, un des aspects intéressants de cette traversée était de la faire à plusieurs bateaux. Nous sommes donc partis le mercredi 12 décembre, Mistral, mon ancien bateau en premier, puis Lata Pata avec Jordi et Carlos, 2 catalans, Eazy 3 avec Vincent, Peter et Olaf, 3 hollandais, et enfin Lola avec Rachel, copine de Jordi, Christophe et moi. Moment euphorique en quittant la marine de Las Palmas… un peu triste de ne pas avoir Mike et George a mes cotes mais heureuse de savoir qu’ils allaient naviguer avec nous… finalement, on les a perdus 3 jours plus tard… les abandonnant pour cause d’impératifs de livraison… dommage… j’ai eu l’occasion de parler a George la veille sur la VHF et c’était super de pouvoir prendre le contact… pas de regrets sur ce coup-la, trop contente d’être avec un capitaine relax, ouvert et respectueux comme Rachel. Nous nous sommes entendues comme larrons en foire toutes les 2 et nul doute que nous resterons en contact par la suite !
Sympa donc d’avoir un peu de compagnie, de regarder les autres bateaux évoluer, de s’appeler a la radio pour se communiquer des infos et échanger des plaisanteries… et de se tirer la bourre… on a fait une mini régate avec Eazy 3 qui a essaye de nous passer… sans succès, Rachel et moi réglant les voiles comme des malades pour rester devant… encore une bonne tranche de fou rire sur ce coup-la !
Autre aspect positif de naviguer ensemble, les échanges… patates et oignons contre piles et ligne de pêche… et enfin, le soutien moral lors de problèmes rencontres.
Eazy 3 s’est retrouve en effet avec le génois en vrac, l’un des mousquetons l’attachant en haut du mat ayant casse et liber la voile. Ils étaient alors très loin de nous et nous sommes allés les rejoindre pour assister ensuite a la manœuvre, Vincent grimpant en haut du mat pour réparer les dégâts… impressionnant de voir ce point noir tout en haut du bateau, oscillant avec la houle…

D’ailleurs, 10 jours plus tard, le 28 décembre, c’était notre tour… navigant avec le génois uniquement par vent fort, l’auto pilote s’est arrêté tout d’un coup et nous voila avec le génois qui ne résiste pas a la pression et dégringole du haut du mat pour trainer dans l’eau !
La encore, il a fallu gérer le stress… vent soufflant a environ 30 nœuds… impossible d’envisager quoi que ce soit dans ces conditions ave des grains passant ca et la et une forte houle… des la première accalmie, vent soufflant seulement a 22 nœuds, nous voila prêts pour la manœuvre. Rachel enfile son harnais et monte au mat, hissée par Christophe, crispe sur le winch, conscient de ses responsabilités. Moi, Rachel m’a mise a la barre et j’ai la délicate mission de barrer le bateau pour éviter le tangage… quel stress ! Je n’ai pas arrêté de regarder derrière moi pour voir comment les vagues arrivaient, car c’était un peu n’importe quoi… beau boulot en tout cas de toute l’équipe… a part 2 vagues un peu turbulentes, Lola a surfe les vagues, Christophe n’a pas laisse tomber Rachel… et elle est descendu saine et sauve du mat après avoir relâché la pièce bloquée tout en haut…
Félicitations mutuelles de l’équipage sur la gestion de la manœuvre, soulagement… car un autre grain arrivait, à peine Rachel de retour en bas ! On a ensuite remis le gen sur le mat, profitant d’une autre accalmie et avons repris le cap ! Les autres bateaux nous ont observe de loin et nous dit que c’était impressionnant a regarder, Rachel balancée d’un cote a l’autre sur le mat… une tête d’épingle dans une botte de foin…
Super expérience en tout cas… je m’en souviendrai toujours…jamais je n’ai été autant stressée par le fait de me sentir responsable de quelqu’un et je remercie Rachel de m’avoir fait confiance… car elle m’a confiée que barrer dans ce moment la était le poste a plus grosse responsabilité et qu’elle préférait être en haut du mat que de prendre le risque d’être a la barre… ouah…

Des émotions, on en a eu d’autres, notamment avec un arrêt soudain de tous les instruments de navigation… je me suis mise la barre le temps qu’on trouve la panne… c’était l’interrupteur commandant l’ancre, actionne par erreur, et qui n’aurait jamais du provoquer une coupure globale… les mystères de l’électronique…

En tout cas, rien n’égale les mystères de la nature…le 23 décembre, après une série de gibes involontaires (changement drastique de direction du vent) puis contrôlés, Rachel nous désigne un point a l’horizon… une baleine… nous regardons alors et assistons au moment peut être le plus fabuleux de cette traversée… une baleine de plusieurs tonnes se propulsant littéralement a plus de 2m au dessus de l’eau ! Quel moment inoubliable !!! Difficile à croire… des baleines, j’en ai vues en Rep Dom, sautant hors de l’eau, juste au-dessus de l’eau… mais la, rien à avoir ! Certainement une baleine joueuse, se servant de la forte houle pour battre un record… merci merci merci Dame Nature pour ce moment magique !!!

Magique est bien le mot pour décrire aussi mon premier Noel passe au milieu de l’Océan Atlantique…
24 décembre : réveillon tapas, pica pica, et champagne espagnol (vin blanc pétillant) au moment d’un lever de lune splendide… ceux qui me connaissent imaginent le topo… après 2 verres, Mademoiselle Sophie était déjà un peu partie… !!! Festival son et lumière ensuite avec la musique à fond et nos 3 loustics agitant frénétiquement leurs lampes torches sur le pont… des fous je vous dis ! Journée marquée par une bonne douche (la deuxième depuis notre départ), la coupure des instruments de nav et la prise de notre belle daurade coryphène…
25 décembre : une Sophie surexcitée se lève, enfile son chapeau de Père Noel et ouvre ses cadeaux au petit dej. En effet, Mike, George et Chris m’ont donne des cadeaux aux Canaries à ouvrir le jour de Noel… chocolats, douceurs, mini lampe torche, porte clefs, jambon serrano… Marrant de penser que le même jour, Mike et George ouvraient les cadeaux que je leur avais donnes avant de partir…
Entre nous aussi, échange de cadeaux. Rachel nous a régalés de chocolats et bonbons, Christophe d’un bracelet brésilien fait main. De mon cote, je leur ai concocte un poème a chacun… et oui, Sophie poète… ca en étonnera certains… mon cote romantique et fleur bleue… les apparences sont parfois trompeuses …
Super déjeuner de Noel avec sélection de fromages, pommes de terre bouillies, jambon serrano et vin rouge…
Enfin, baignade au milieu de l’Océan vers 16h. Les 3 bateaux se retrouvent, on se met face au vent, moteur tournant a bas régime, on attache une corde à nœuds derrière le bateau et hop, a l’eau ! Bon, je mentirais si je vous disais que j’ai vraiment apprécié… le requin que nous avions aperçu le matin, plus les histoires racontées par Michel et le fait que j’avais mes ragnagnas ne m’ont pas permis d’apprécier cette baignade a son juste prix… je me suis empressée de regagner le bateau après quelques brasses…
Nous avons ensuite joue aux cartes, puis clôture des festivités enfin par un spectacle lumières… sans le son pour cette nuit spécial éclairs… la aussi, Dame Nature nous a gâtés… des éclairs, j’en ai vus, mais la, ca petait dans tous les coins, des verticaux, horizontaux, a bâbord, a tribord, droit devant… heureusement pour nous, ils étaient loin et nous n’avons eu que les avantages du show
26 décembre : retour à un train train quotidien… avec une pensée émue pour ma famille qui se retrouve pour le déjeuner de Noel a Biscarrosse… et pour ma jolie filleule Jeanne que j’imagine vêtue de la belle tenue espagnole achetée par ma sœur Karine a Palma de Mallorca !

Les jours suivants ont été les plus éprouvants de la traversée, avec vents forts et mer agitée. Evénement notable, l’apparition soudaine d’une planche de kitesurf a 200 miles de St Martin… dommage, on allait trop vite, sinon je l’aurais bien récupérée… j’espère juste que le mec qui était sur la planche allait bien car on aperçu un requin intéressé juste après !!!
Cela ne nous a pas empêchés d’apprécier le réveillon du jour de l’An. La encore, pica pica avec… ce qui restait… des fruits de mer en boite, un reste de fromage, des artichauts, des chips et du champagne… sauf que Rachel a mal cale la bouteille et nous n’avons eu droit qu’a un petit verre avant que le drame ne nous prive de la suite…

Il était temps d’arriver… presque plus de provisions… on a du se rationner sur le café, le pain qui a disparu les derniers jours…finis les légumes qui ont dure jusqu'à l’avant-dernier jour, le fromage, le lait, les gâteaux et chocolats, yaourts, céréales, beurre… On commençait aussi à manquer d’eau, heureusement, nous avions fait la provision de bouteilles remplies aux Canaries qui nous ont servies pour la vaisselle…
En tout cas, tout au long de ce périple, nous avons mange comme des rois, tout le monde cuisinant plutôt bien, voire même très bien ! Christophe nous a même concoctes une pizza 2 jours avant d’arriver… fabuleux !

Ajoutez a cela la présence permanente de la musique a bord, sur le pont ou a l’intérieur au choix, et la nuit, pour admirer les étoiles avec le lecteur MP3 dans les oreilles pendant les quarts !

Des rigolades, on a eu, même si Christophe et Rachel se sont accroches plusieurs fois sans que cela ne tourne trop mal… on ne cohabite pas a bord avec 2 autres personnes dans un espace aussi restreint sans quelques frictions… !!!

Tout est bien qui finit bien, donc. Je garderai un souvenir mémorable de cette traversée. Non seulement, j’ai atteint mon objectif qui était de compléter mes connaissances de voile, et je peux dire maintenant que je suis un matelot confirme… mais je me suis remplie la tête d’images, de moments uniques, partageant des moments intenses avec mes 2 équipiers !

Maintenant commence une nouvelle aventure… je devrais me rendre en Guadeloupe sur un autre bateau pour visiter mon amie Bérangère, que j’ai connue en Rep Dom… mais cela est dans 5 jours et d’ici la… !!!

Allez, restez connectes, l’histoire n’est pas encore terminée !!!

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